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Estive, patrimoine environnemental

Estive, patrimoine environnemental

Le savez vous?
Le pâturage contribue à la formation et au maintien d’une partie importante de la biodiversité des territoires de montagne. L’activité pastorale constitue une condition sine qua non du maintien de la mosaïque de milieux naturels qui permet cette biodiversité. Sans pâturage, la majorité des pelouses et des landes de montagne se boiseraient et cette fermeture du milieu et du paysage aurait un impact certain sur la raréfaction, voire la disparition de certaines espèces (flore, faune) qui s’y trouvent.


Un intérêt patrimonial reconnu

La quasi totalité du territoire pastoral d’altitude a été recensée au cours de différents inventaires réalisés sur le patrimoine naturel (Z.N.I.E.F.F., Z.I.C.O. etc.) et constitue de grands ensembles écologiques d’intérêt reconnu à l’échelle communautaire.
Par ailleurs, une grande partie des estives du département de l’Ariège est dans le territoire du Parc Naturel Régional.

Surfaces pastorales : un équilibre menacé

Le contexte économique général et l’évolution des pratiques d’élevage depuis plusieurs dizaines d’années ont des répercussions sur les territoires d’estive :

  • diminution progressive des effectifs transhumés sur les surfaces collectives organisées entre 1983 et 1995. Mais depuis cette époque, une meilleure prise en compte de l’activité pastorale a permis une stabilisation – voire mieux – des effectifs : mesures agri-environnementales, prime à l’herbe etc.
  • regroupement d’unités pastorales : de plus grande taille, les troupeaux sont souvent gardés par un seul pâtre sur des territoires très étendus : jusqu’à 300 UGB par pâtre sur des surfaces de 1 000 à 3 000 ha. Dans ces conditions, le pâturage ne peut plus être géré aussi finement qu’autrefois.
  • concentration des animaux sur certains secteurs : la moins bonne adéquation entre le pâturage et les ressources disponibles sur l’estive entraîne des phénomènes de surpâturage sur les meilleurs secteurs au détriment de zones moins attractives qui se ferment.
    Ce phénomène est d’autant plus important quand les estives ne sont pas gardées.

Aussi, dans des milieux où la dynamique de végétation peut être très forte, l’ensemble de ces éléments se traduit par la dégradation et l’appauvrissement de nombreuses surfaces et par la fermeture du milieu (zones basses d’estive principalement).
Les conséquences à plus ou moins long terme peuvent être importantes :

  • pour l’activité pastorale : dégradation de la qualité fourragère et des quantités offertes
  • pour l’environnement et les paysages : diminution de la biodiversité, dégradation d’habitats, homogénéisation des paysages etc.. Certains biotopes sont particulièrement menacés par une réduction du pâturage (zones humides et pelouses) ainsi que plusieurs espèces animales qui restent très liées à l’activité pastorale : rapaces, Grand Tétras etc..
  • pour le petit patrimoine : dégradation et disparition des petits éléments bâtis, importants en estive, par manque d’entretien (sentiers, cabanes, orris, murettes, rigoles, etc.)

Outre les éleveurs, ce risque concerne donc l’ensemble des usagers de ces espaces.
Des mesures agri-environnementales adaptées à la zone de montagne ont été mises en place dès 1991 pour enrayer ce processus de dégradation de l’espace.
Leur mise en place s’est traduite par l’élaboration de plans de gestion précisant les règles de gestion de l’estive : le règlement de pâturage (calendrier de pâturage, chargement instantané, circuits des troupeaux dans les différents quartiers de l’estive) et les aménagements nécessaires (création de parcs, points d’eau, débroussaillement etc.). Chacun de ces plans de gestion s’appuie sur un diagnostic pastoral et écologique préalable

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le diagnostic pastoral

Un Diagnostic Pastoral d’Estive dresse un état des lieux des ressources fourragères disponibles, de leur utilisation actuelle par les troupeaux et des équipements pastoraux.
L’objectif est d’obtenir une bon équilibre entre la préservation de la biodiversité, les besoins des animaux et l’offre fourragère, de manière à assurer le bon état du troupeau tout en maintenant la valeur pastorale et environnementale des pâturages d’une année sur l’autre.
Ce diagnostic pastoral permet de définir un chargement animal et un calendrier de pâturage optima ainsi que des stratégies d’aménagement et de gestion de l’estive adaptés.
Pour cela, on intègre l’ensemble des atouts et contraintes de l’unité pastorale, en articulation avec d’autres usagers éventuels du site.
Ces propositions sont ensuite discutées avec les éleveurs et gestionnaires de l’estive.

La réflexion menée avec les éleveurs sur la base des éléments techniques apportés par l’étude permet selon le cas:
– d’ajuster l’effectif du troupeau à la valeur pastorale
– de définir des séquences techniques d’amélioration et d’utilisation pastorales de manière à stopper l’extension des landes et des bois, voire à réouvrir des zones devenues inaptes au pâturage, améliorant ainsi leur biodiversité.
– d’apporter une aide financière supplémentaire au groupement pastoral dans le cadre de contrats de gestion établissant un calendrier de pâturage et des effectifs adaptés pour maintenir en herbe les zones basses des estives où la dynamique de végétation est la plus forte.
– de raisonner plus globalement le choix des équipements et aménagements à effectuer sur l’estive et de planifier ainsi leur financement et leur réalisation.